Les schémas hyperactifs en extension : comprendre et gérer en kinésithérapie pédiatrique

Aujourd’hui, j’aborde un sujet fréquemment présent dans nos consultations de kinésithérapie pédiatrique mais souvent insuffisamment compris : les schémas hyperactifs en extension. En tant que kinésithérapeute spécialisée en neuropédiatrie et formatrice, je rencontre régulièrement des professionnels  qui se sentent démunis avec certains nourrissons, avec qui l’allongement de la chaîne postérieure ne suffit pas. Mais avant de vous détailler pourquoi ces techniques bien que très utiles sont souvent insuffisantes, revenons sur les définitions de base. Qu’est-ce qu’un schéma hyperactif en extension ? Quelle différence avec l’hyperextension ? Quels sont les impacts sur le développement moteur et sensoriel de l’enfant ? Ensemble, découvrons comment reconnaître ces signes, comprendre leurs origines – qu’elles soient neurologiques, sensorielles ou émotionnelles – et explorer les diverses approches pour les gérer efficacement en kinésithérapie. Plongeons dans cet univers fascinant pour offrir aux enfants un accompagnement adapté, qui contribue à leur épanouissement sensorimoteur.

Comprendre les schémas hyperactifs en extension : définition et origines

Les schémas hyperactifs en extension constituent l’un des motifs de consultation les plus fréquents en kinésithérapie pédiatrique. Bien que couramment observés, ces schémas sont souvent mal compris et les termes utilisés pour les décrire manquent parfois de précision. Il est donc essentiel de faire la distinction entre une véritable hyperextension et un schéma en extension trop actif.

Qu’est-ce qu’un schéma hyperactif en extension ?

Un schéma hyperactif en extension se caractérise par une tendance excessive du corps à adopter des positions en extension. Contrairement à l’hyperextension, qui décrit spécifiquement un dos anormalement creux, le schéma hyperactif en extension peut se manifester de différentes manières :

  • Une raideur générale du corps
  • Une tendance à se pencher en arrière
  • Des difficultés à maintenir une position regroupée
  • Des tensions posturales récurrentes
  • une hyper mobilité en extension

Les différentes origines possibles

Les causes des schémas hyperactifs en extension sont multiples et peuvent être :

D’origine périnatale :

  • Tensions liées à l’accouchement (utilisation de forceps, travail prolongé)
  • Position fœtale maintenue pendant la grossesse
  • Prématurité

D’origine sensorielle :

  • Déficience visuelle (totale ou partielle) avec un nourrisson qui peut avoir tendance à aller chercher les informations tactiles vers l’arrière de sa tête
  • Atypies sensorielles au niveau de l’odorat ou de la bouche
  • hypersensibilités, aversions sensorielles
  • emprunte sensorielle et motrice liée à la période fœtale et à l’accouchement.

D’origine neuro-fonctionnelle :

  • Immaturité du tronc cérébral
  • Dialogue tonico-émotionnel perturbé
  • Paralysie cérébrale affectant les voies motrices

Les trois réflexes archaïques principaux impliqués

Les schémas hyperactifs en extension sont souvent liés à la manifestation dite “hyperactive” trois réflexes archaïques :

  1. Le réflexe de Moro : Déclenché par une stimulation vestibulaire ou sonore, il se manifeste par une extension des bras en chandelier.
  2. Le réflexe de Perez : Provoqué par une stimulation tactile le long de la colonne vertébrale, il entraîne une extension de l’axe corporel.
  3. Le réflexe tonique labyrinthique : D’origine vestibulaire, il provoque une extension de l’axe et des membres lorsque la tête part en arrière.

La compréhension de ces mécanismes est fondamentale pour adapter la prise en charge kinésithérapique aux besoins spécifiques de chaque enfant.

Impact sur le développement et stratégies thérapeutiques

Les schémas hyperactifs en extension peuvent avoir des répercussions significatives sur le développement global de l’enfant. Une prise en charge pluridisciplinaire et personnalisée s’avère souvent nécessaire pour accompagner efficacement ces jeunes patients. Pour découvrir des approches holistiques et personnalisées, vous pouvez consulter notre page de formations.

Les conséquences sur le développement sensori-moteur

Les enfants présentant des schémas hyperactifs en extension peuvent rencontrer plusieurs difficultés :

  • Coordination visuelle perturbée : La difficulté à maintenir une position regroupée impacte le développement des coordinations oeil/main/bouche et des coordinations entre le haut et le bas du corps. Ces difficultés peuvent ainsi affecter la capacité à explorer visuellement leur environnement et l’intégration des réflexes toniques symétrique et asymétrique du cou.
  • Troubles de l’oralité : Certains enfants éprouvent des difficultés dans la succion et l’alimentation.
  • Altération de la motricité globale : La course peut être désordonnée, avec les bras en chandelier ou le long du corps.
  • Impacts posturaux : Une tendance à la marche sur la pointe des pieds et des genoux en hyperextension peut apparaître.

Une approche thérapeutique multidisciplinaire

La complexité des schémas hyperactifs en extension nécessite souvent l’intervention coordonnée de plusieurs professionnels :

Le kinésithérapeute intervient sur :

  • La régulation du schéma corporel
  • Le relâchement des tensions de la chaîne postérieure
  • Le développement de la motricité globale
  • les conseils à apporter aux parents sur les installation à la maison, et dans les portages du quotidien.

Le psychomotricien se concentre sur :

  • La sensorialité
  • Le dialogue tonico-émotionnel
  • L’accompagnement du portage

L’orthophoniste peut être sollicité pour :

  • Les troubles de l’oralité
  • L’optimisation de la succion
  • L’accompagnement de la diversification alimentaire

L’ostéopathe sera souvent une aide complémentaire pour continuer de réguler les tensions du nourrisson.

 

Des techniques adaptées à chaque situation

La prise en charge doit être personnalisée selon l’origine du schéma hyperactif en extension :

Pour une origine sensorielle :

  • Travail de désensibilisation progressive
  • Adaptation de l’environnement
  • Stimulation des schémas antagonistes

Pour une composante émotionnelle :

  • Accompagnement psychologique si nécessaire
  • Techniques d’apaisement
  • Guidance parentale adaptée

Pour les réflexes archaïques :

  • Portages spécifiques selon le réflexe concerné
  • Stimulation de l’enroulement actif
  • Travail sur les trois plans de l’espace

La cohérence entre les différents intervenants et la répétition des conseils aux parents sont essentielles pour optimiser l’efficacité de la prise en charge.

En conclusion, les schémas hyperactifs en extension représentent un domaine complexe mais crucial en neuropédiatrie, nécessitant une compréhension approfondie pour favoriser un développement sensorimoteur équilibré. L’interaction entre causes sensorielles, émotionnelles et neuro-fonctionnelles souligne l’importance d’un accompagnement pluridisciplinaire et personnalisé. Grâce à des approches innovantes comme la méthode Feldenkrais et l’intégration des réflexes archaïques, nous pouvons offrir une prise en charge adaptée, favorisant l’épanouissement des enfants concernés. Pour les parents et professionnels souhaitant approfondir leur compréhension et apprentissage, je vous invite à explorer mes formations en ligne et à consulter les ressources disponibles sur mon blog. Des solutions adaptées à chaque enfant sont à votre portée pour améliorer leur confort et leur qualité de vie.

 

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