Quelles techniques neuromotrices peut-on proposer aux nourrissons présentant un schéma hyper actif en extension?
Ou pourquoi les détendre ne suffit pas…

Les professionnels de santé spécialisés en pédiatrie parlent souvent du “schéma en hyper extension”. Pourtant ce terme désigne des tableaux cliniques qui peuvent être très différents. Mieux préciser le vocabulaire, et réaliser un bilan sensi-moteur plus précis, permettra d’orienter les techniques de façon plus spécifique et efficace.
Définition des schémas hyper actif en extension
J’ai choisi ce terme de “schéma hyper actif en extension” plutôt que “schéma en hyper extension”, car certains enfants ont ces schémas trop actifs par rapport aux schémas en flexion, sans pour autant aller dans des amplitudes anormales en extension. Alors, avant de vous présenter des éléments de bilan à réaliser pour ces enfants, parlons de la définition de cette atypique tonico-posturale et/ou tonico-émotionnelle.
Ces nourrissons aux schémas “hyper actif en extension” sont :
– ceux qui ont le dos raide, parfois tout droit. Ces enfants manquent d’enroulement de la colonne, mais ils n’ont pas pour autant des mouvements exacerbés en extension.
– ceux qui “partent” souvent le dos en extension, quand ils sont dans les bras, ou dans certaines situations que nous décrirons après. Pour ces enfants, un stimulus déclenche une réponse motrice en extension.
Tous les nourrissons peuvent avoir des mouvements (même réflexe) en extension, le terme de “hyper extension” est utilisé quand :
– le bébé manque d’enroulement actif et passif.
– le bébé développe une amplitude en extension supérieure à celle en flexion
– le bébé déclenche “plus souvent” (que d’autres) des mouvements en extension.
– le bébé réalise un mouvement en opisthotonos (il arque tout son dos, en ne prenant appuis que sur les talons et la base du crâne).
En prenant le temps de décrire tout ce que ce schéma peut impliquer, nous comprenons que ce terme peut concerner autant des enfants qui ont “seulement” des raideurs, que d’autres qui ont des troubles neurologiques, ou encore d’autres qui ont des reflux, hyper sensibilités….
Un terme très vaste pour parler de pleins d’enfants différents, aux besoins différents. Prenons maintenant le temps de décrire les éléments de bilan.
Le bilan sensori-moteur des nourrissons avec un schéma hyper actif en extension
Pour mieux choisir les techniques, il conviendra de comprendre les facteurs à l’origine de ce schéma hyper actif en extension. Voici plusieurs origines possibles aux schémas hyper actif en extension :
– La douleur (ex des RGO)
– Les hyper sensibilités (prématurités, réflexes archaïques hyper actifs)
– Les tensions liées à la naissance ou la grossesse
– Les atteintes du système nerveux central
– les troubles des inter actions précoces.
Il conviendra alors de réaliser un bilan sensoriel précis, afin de déterminer les stimulations et situations qui augmentent ou apaise ce schéma hyper actif en extension.
Les 3 réflexes archaïques à l’origine de ce schéma
(mais vous avez bien compris que ce n’est pas la seule origine)
Le réflexe de Moro (le plus connu des trois !) :
Ce réflexe se déclenche à la suite d’une stimulation sonore brutale ou d’une stimulation vestibulaire (la tête qui part en arrière). C’est un réflexe de protection, qui va se traduire chez le nourrisson par 3 phases :
– la première phase d’ouverture. Pendant laquelle le bébé écarte les bras en inspirant, les mains sont ouvertes, les yeux souvent écarquillés.
– La phase de regroupement, pendant laquelle le bébé cri ou pleure.
– Suivie de la phase de consolation, le parent prend le bébé dans les bras pour le rassurer et le contenir.
Lorsque ce réflexe est hyper actif : l’enfant va sur réagir soit aux stimulations sonore, soit aux stimulations vestibulaires soit au deux. Il aura souvent les bras en chandelier, avec souvent des contractures au niveau de la ceinture scapulaire. Le regroupement des 4 membres lui demandera plus d’effort.
Le réflexe de Pérez :
Ce réflexe se déclenche lors d’une stimulation tactile le long de la colonne vertébrale. Il se traduit par une réponse motrice en extension de l’axe et flexion des membres. Lorsqu’il est hyper actif (même sans troubles neurologiques), le bébé déclenchera souvent son réflexe lors des changements de bras, habillage, changement de couche…
Le réflexe Tonique labyrinthique :
Ce réflexe se déclenche à la suite d’une stimulation vestibulaire. Lorsque la tête du bébé par en avant, cela amène une flexion du tronc et des membres. Lorsque la tête du bébé part en arrière, cela amène une extension du tronc et des membres.
Ce réflexe se manifeste donc soit en flexion, soit en extension.
Il est parfois hyper actif en extension, et hypo actif en flexion.
La connaissance de ces réflexes archaïques nous permet ainsi d’affiner nos observations. Selon la manifestation atypique de l’un ou l’autre des ces réflexes, la position de l’axe et des membres ne sera pas la même, le stimulus déclencheur non plus.
Chaque réflexe archaïque possède ses propres techniques d’intégration spécifique. Si le nourrisson présente l’un de ses réflexes archaïques hyper actif, il ne suffira pas de le détendre! Car même si il quitte le cabinet plus détendu, il retrouvera son schéma préférentiel à la maison, et reviendra dans son état initial rapidement.
L’enjeu d’une prise en charge précoce et spécialisée en masso-kinésithérapie pédiatrique
Ces signes neuromoteurs sont encore souvent négligés. Certains de ces nourrissons au dos raide bougent bien mangent bien et dorment bien. Alors quel est l’intérêt d’une prise en charge précoce et spécialisée?
Quand un réflexe archaïque est hyper actif à la naissance et pendant les premiers mois de vie, il est très rare qu’il s’intègre tout seul. Le bébé “grandira bien”, s’il n’a pas de troubles neurologiques ou autres pathologies associées. Pourtant, la non intégration de ses réflexes pourra avoir des répercussions sur :
– sa digestion
– sa posture
– ses coordinations
– la régulation tonico-émotionnelle.
Ces schémas hyper actif du nourrisson peuvent à l’origine de marche atypique comme la marche sur la pointe des pieds. Même si dans la plus part des cas, sans troubles neurologiques associés, cette marche finira par se régulariser, les schémas hyper actifs en extension, resteront hyper actifs en extension. Avec les répercussions citées ci-dessus.
Heureusement, ces réflexes peuvent s’intégrer à tous les âges! Le plus tôt c’est le mieux évidemment… Mais un enfant de 5 ou 7 ans avec le dos raide, ou des difficultés à tenir assis avait probablement des atypies neuromotrices nourrisson.
Les enfants avec paralysie cérébrale ou troubles du spectre de l’autisme sont souvent concernés par au moins l’un de ces trois réflexes. Par contre, l’intégration du (ou des) réflexes archaïques concerné(s) ne se fait pas forcément intégralement en trois semaines, comme chez les autres enfants. A l’âge de la marche, il sera nécessaire de continuer les techniques inhibitrices de ces schémas, et les techniques activatrices des schémas antagonistes.
Développer des techniques de bilan et de rééducation efficaces est essentiel pour le développement global de ces enfants.
Pour en savoir plus sur le bilan de ce schéma hyper actif en extension, vous pouvez regarder le replay de ce webinaire gratuit :
Approche pluridisciplinaire des nourrissons avec un schéma hyper actif en extension.
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